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Le Palais Garnier inaugure la loge restaurée de l’Empereur

Date de publication
17 décembre 2019
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La loge de l’Empereur Napoléon III vient d’être restaurée à l’identique et elle accueille de nouveau des spectateurs depuis début septembre. Des fleurons de l’artisanat français, dont deux Entreprises du Patrimoine Vivant (EPV), ont contribué à cette renaissance, grâce à la découverte de précieuses archives.

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Le Palais Garnier inaugure la loge restaurée de l’Empereur

La loge de l’Empereur Napoléon III vient d’être restaurée à l’identique et elle accueille de nouveau des spectateurs depuis début septembre. Des fleurons de l’artisanat français, dont deux Entreprises du Patrimoine Vivant (EPV), ont contribué à cette renaissance, grâce à la découverte de précieuses archives.

C’est une étude qui a sonné le tocsin. Remise aux autorités en charges des affaires culturelles en 2018, elle a mis en évidence la détérioration de l’une des pièces les plus luxueuses de l’Opéra Garnier. « La loge dite de l’Empereur était en mauvais état, souligne Laurence Lobry, architecte du patrimoine, qui a assisté Pascal Prunet, l’architecte en chef des monuments historiques en charge de sa réhabilitation. Les tentures étaient déchirées, les marbres encrassés, les tissus et passementeries ternes et abîmés. »

Située à l’avant-scène côté jardin, faisant face à celle de l’Impératrice, la loge prévue pour Napoléon III par Charles Garnier se voulait des plus prestigieuses. « L’Empereur, commanditaire de l’Opéra et de cette loge, souhaitait qu’on lui consacre un pavillon entier avec fumoir et salle de réception, détaille Delphine Doriola, conférencière chargée des visites du monument. Il était censé emprunter, lui et sa suite, la rampe majestueuse de la rue Scribe et parcourir un système de couloirs pour rejoindre sa loge privée, sans se mélanger à la foule. »

Tout avait été étudié pour assurer le confort, l’arrivée discrète et surtout la sécurité du monarque, victime d’un attentat manqué en 1858 alors qu’il se rendait à l’Opéra de la ville, situé rue Le Peletier. Exilé à partir de 1870, jamais le souverain ne profita du nouvel écrin de l’Opéra national de Paris. C’est le président de la République Patrice de Mac Mahon qui prendra le siège qui lui était destiné, lors de l’inauguration de l’édifice en 1875.

Des équipes entièrement mobilisées

« Dès mon arrivée, nous avons souhaité mener à bien le projet de mes prédécesseurs, afin de restaurer l’intégralité de la salle du palais Garnier, y compris les fauteuils d’orchestre, rappelle Stéphane Lissner, le directeur général de l’Opéra national de Paris depuis 2014. Cela avance très bien puisque les deux premiers niveaux ont été achevés cet été. » Et la dernière étape fut la rénovation de la loge du neveu de Napoléon Ier.

Tissus, boiseries, moquettes, portes en acajou… Profitant de l’absence de représentations durant les mois de juillet et août, quatre entreprises d’artisanat ont pu s’atteler au dégarnissage complet de l’endroit, avant de s’appliquer à rénover l’ensemble. « On était honoré de pouvoir participer à ce chantier, confie Alexandre Phelippeau, dirigeant de l’Entreprise du Patrimoine Vivant qui porte son nom. Il a fallu mobiliser toutes nos équipes – garnisseurs de sièges, couturières et tapissiers-villiers – compte tenu du volume et de la période de travail. »

Outre Phelippeau Tapissier chargée de la réfection des banquettes, de la fabrication des rideaux et de la pose des tentures, des entreprises de peinture (Duval et Mauler) et des métiers du bois ont également apporté leur contribution. Mais le splendide rouge framboise des brocatelles, qui fait la singularité de l’Opéra Garnier, n’aurait pu retrouver son lustre d’antan sans le concours de la Manufacture Prelle, établie à Lyon depuis 1752.

Des travaux financés par un mécène chinois

« Le projet prévoyait la recherche du tissu d’origine auprès de la soierie Prelle, précise Laurence Lobry. Grâce au livre de commandes complet de l’époque (qui renfermait de précieux échantillons : NDLR), la reproduction à l’identique de la tapisserie originelle a été rendue possible. » La restauration a permis de découvrir des portes cachées, révélées par la mise à nu de la loge et de son antichambre. Ces entrées dérobées menaient tout droit à d’autres loges, situées elles, au-dessus de la scène.

Si l’espace réhabilité accueille des spectateurs depuis le 9 septembre, des opérations d’embellissement tardent encore à se concrétiser. « La fabrication des éléments de passementerie est très longue, explique Laurence Lobry. Embrases, glands, crêtes, frange… Chacune de ses pièces est fabriquée à la main ! » Il faudra attendre début 2020 pour pouvoir admirer la loge de l’Empereur dans sa forme définitive, avec rideaux et accessoires. Les 250 000 € de sa rénovation auront été entièrement financés par un groupe de média privé chinois.

Crédit : La Croix, par Nicolas Gomont, le 20/09/2019
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